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Page:Bois - Le Satanisme et la magie.djvu/283

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LES INCUBES ET LES SUCCUBES


IV
LA LÉGENDE DE LA MORTE ET MORTELLE FIANCÉE


Cette fusion du vampire et de l’incube préexiste dans les légendes. Histoire surnaturelle et humaine à la fois, volonté du fantôme à se survivre, obstination du germe sur le cadavre, amour et mort, mariage funèbre et tendre, impérissable désir ! Mais le diable est rusé. Avez-vous remarqué comme sans cesse son grouin, son museau, sa vile grimace sait s’adapter un masque gracieux souvent d’un irrésistible charme. Cette fois il lui a plu d’assimiler, de confondre le cimetière et le monastère ; il colore avec les purs lys de la moniale le suçoir du vampire infect. La foule a subi la suggestion démoniaque. Elle a créé la sacrilège réhabilitation du Démon paré de l’intacte robe des recluses.

La grande légende de l’incube, c’est la légende de la Fiancée de Corinthe. Il importe peu que la nonne amoureuse soit fantôme ou être réel ; elle existe de par son désir inassouvi, de par ce droit d’aimer et de vivre qu’un vœu ne peut aliéner, qu’un ordre ne peut détruire. Un jeune païen vient d’Athènes d Corinthe, afin d’épouser la jeune fille que son père lui avait accordée. L’heure est tardive ; tout le monde au lit ; la mère seule sert un bref repas à l’hôte fatigué. À peine dans la chambre, vers le premier sommeil, une forme blanche se penche sur son visage. « Ne me reconnais-tu pas, dit-elle, ou te suis-je déjà une étrangère ? » Ses joues dans ses mains, elle se met à pleurer. « Pourquoi es-tu si pâle, répond