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Page:Bois - Le Satanisme et la magie.djvu/329

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L’ENVOUTEMENT DE HAINE

les joncs fins. Avec de la craie, le sorcier la cerna encore, inscrivant une flèche dans la direction de l’objet lointain de sa colère ; puis il tira de petits parchemins d’un portefeuille en loques, lut les démoniaques appellations. Peu à peu sa voix rauque s’éleva, ses yeux cherchèrent les yeux du batracien, appuyèrent leur méchanceté sur la petite pierre luisante sans paupière. Et la raine cabriolait, se détournait d’épouvante, fuyait la fascination qui enfin la mata. Alors, sous les menaces, les insultes, la lueur vénéneuse de la prunelle humaine, elle se gonfla, vomit un peu d’écume verte, plongea enfin jusqu’au fond du bocal, s’y effondra, crevée, chiffe de reptile.

Autant j’ai souri au sorcier et à la sorcière penchés de pitié, de fraternelle pitié vers les organismes haïs ou dédaignés, autant j’ai admiré Nécato baisant le reptile ; autant je me révulse à ce crime de misère, à la terrorisation mortelle du crapaud, à la folie de l’humble et infortuné nécromant torturant un animal plus infortuné et plus humble. J’ai pressenti l’enfer en cette basse manœuvre, l’enfer où les malheureux se martyrisent, où ceux qui souffrent tant, au lieu de pleurer ensemble, se mordent et se déchirent encore !