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Page:Bois - Le Satanisme et la magie.djvu/46

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LE SATANISME ET LA MAGIE

tant ils se nourrissent de douleurs et tant ils ruissellent de poisons, Canidie qui boit les entrailles fumantes des petits, toutes les Thessaliennes — le paganisme les enveloppait de je ne sais quoi de sacré en les proclamant prêtresses d’Hécate et de Cottyto. Temple souterrain, temple cependant. Elles embrouillent de perfides écheveaux, fils d’Ariane qui, au lieu de conduire, égarent ; elles envoûtent, virevoltent poétiquement, cuisinent des potions abominables, triturent des os de mort, égorgent aussi… Nulle d’entre leurs victimes n’oserait porter sur elles une main vengeresse, et les apostrophes d’Horace contre la sorcière s’agenouillent bien vite en supplications. Elles symbolisent l’Instinct-Dieu, tel que le christianisme l’abolit dans le cloître, le combat partout. Elles sont fatales, belles, — même lorsqu’elles sont laides ! — divines surtout si elles sont infernales. Elles recèlent le mystère, gardent l’Hâdes, apprivoisent Cerbère, conduisent chez les morts ; on les dirait, ces décriées, plus sacerdotales que les autres, car seules elles approchent les Mânes, elles ont le droit de faire mourir, ô terreur ! elles ont le pouvoir de faire revivre, ô douceur ! Elles sont incomparables ; ne méprisent-elles pas la Pythie inaccessible sur son trépied, jouet du clergé, médium pétri par un magnétisme despotique, ambiguë aussi parce qu’elle n’est pas indépendante, étant l’oracle du grossier Apollon, et irresponsable de ses prophéties ? Leur dieu à elles, les libres inspirées, leur guide, noble comme ce qui est invisible, leur dieu, c’est au contraire le soleil d’en bas, pasteur d’àmes, l’Ammon-Ra des bagnes du Léthé, le Dionysos des Ombres, le Pluton aux yeux impassibles qui ne voient plus : — tout ce qui impose aux hommes étant irrévocable et au delà de la