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Page:Bois - Le Satanisme et la magie.djvu/74

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LE SATANISME ET LA MAGIE

propice quoique âgée, sorcière mais chaude. Et toujours l’accompagne, passé à son bras convulsif, le Cabas inséparable où s’entassent des échantillons de fard, des denrées compatissantes, la sabine et la rue, des emménagogues, un Martial ( « c’est l’eucologe que je lis à l’Eglise », dit-elle), des houppes, de la parfumerie, des rosaires et des instruments plus bizarres encore, la trousse maudite et luisante de l’amour.


II
LES SORCIÈRES DES CAMPAGNES


Nous venons de pénétrer en la magicienne de tous les temps, du nôtre surtout ; or il faut parmi cette coterie distinguerles sorts divers, nuancer Celledes villes d’avec Celle des champs. Pareilles en fait, ces femmes, mais différentes par le milieu, la race, le ciel étroit, embué des cités ou le firmament large et rayonnant de l’air libre. Le même mystère les sacre, — sacrement à rebours ; la face docile reflète le Démon, selon le tempérament de chacune, tempérament façonné par de longs atavismes et coloré de la sève des terreaux, où, plantes misérables et ardentes, elles naquirent, les sorcières, avec une même âme, une même tige courbe, mais une fleur qui ressemble au climat.

La paysanne solitaire, sans autre contact avec les hommes ou les femmes que pour ses nécessaires travaux, blanchisseuse, repasseuse, lingère, faiseuse de fagots, sarcleuse et glaneuse comme la Ruth d’antan… Toute petite elle sut les magnétiques secrets et payait d’un mignon miracle son pain de mendiante. L’initiation s’accomplit