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Page:Bois - Le Satanisme et la magie.djvu/88

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LE SATANISME ET LA MAGIE

tisés, encore dans le délicat et blanc vagissement des berceaux. Alors, marmottant les syllabes fatales, elles s’enfonçaient dans les cimetières. Là, elles élevaient en l’air, sur les tombes des païens, les frêles proies gémissantes ; puis les ayant laissé choir sur la pierre sans croix, avec un soin maternel, elles dirigeaient, sur ces crânes mous, une très longue épingle qui du haut de la tête jusqu’au menton pénétrait avec une petite bavure grise autour du mince fer ; joignant le cadavre chaud à des cadavres en décrépitude que leurs ongles recourbés avaient arrachés à la terre du repos, elles les faisaient bouillir jusqu’à ce que dans la marmite, dont les sorcières de Macbeth elles-mêmes auraient eu horreur, une gélatine se formât épaisse et beurrante au-dessous d’un infect liquide écumant de la moelle des tendres os.

Encore d’autres jeux : arracher la chevelure de ces petits ; pousser les uns dans l’eau jusqu’à ce que, quelques bulles claquant à la surface, l’indice de la noyade soit certain ; précipiter les autres dans les fosses d’aisance ou dans des fours embrasés en écoutant l’affreux glouglou de dessous la soupape ou le pétillement sanglant de la flamme ; — ou bien, les ayant étouffés en comprimant leur face effarée entre les plis de la robe ou sous la robe : — « Enfant, disaient-elles, retourne d’où tu viens, meurs où tu es né » ; fouiller en la fine poitrine avec des dents de fauve jusqu’à ce que le cœur atteint craque en éclaboussement.


Aussi, fortifiées par ces lamentables sacrifices, elles passaient sur le monde, déjà émancipées de nos lourdeurs, ascètes du forfait solitaire, ou mieux bêtes-femmes, vam-