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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/135

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J’aime mieux te prêter la somme. Tu n’auras qu’à me prévenir deux jours avant l’échéance. En attendant, tu devrais aller faire un tour en Bretagne.

— Je le voudrais, mais je ne le puis pas.

— Pourquoi ?

— Parce que j’ai charge d’âme.

— Charge d’âme, toi ! Quelle est cette plaisanterie ?

— C’est très sérieux. Mlle Violette a été chassée par Mme de Malvoisine, à cause de moi. Maintenant, elle habite seule le logement qu’elle occupait déjà, rue de Constantinople, 47.

— Elle est venue te demander ta protection. Elle a choisi là un singulier Mentor.

— Qu’elle ait eu tort ou raison, me conseillez-vous de lui refuser mon appui ?

— Je te répondrai quand je saurai ce que tu comptes faire d’elle. Ta maîtresse, évidemment.

— Je vous jure que non.

— Que tu n’en aies pas l’intention, c’est possible à la rigueur. Mais ne t’engage pas pour l’avenir, car il y aurait dix à parier contre un que tu manquerais à ton serment.

Que veut-elle de toi, cette petite ?

— Elle veut entrer au théâtre. Elle me demande de l’y aider, en m’adressant à vous qui êtes mieux placé que moi pour faciliter ses débuts.

— J’avais toujours pensé qu’elle finirait par là. Et je suis convaincu qu’elle aura du succès. Elle a une voix admirable et des aptitudes musicales de premier ordre.

— Alors, vous ne refuserez pas de vous occuper d’elle ?