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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/170

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— Prends place et sers-toi, lui dit-il. Les huîtres sont sur la table et tu as sous la main un joli Sauternes. Je sonnerai mon valet de chambre quand il le faudra. Nous n’avons pas besoin de lui pour causer. Qu’as-tu fait depuis hier ?… As-tu vu ton usurier ?

— Je suis allé chez lui, ce matin, mais je ne l’ai pas trouvé.

— Et Mlle Violette ?

— J’espère la voir aujourd’hui, à trois heures.

— Bref, tu en es toujours au même point. Eh bien, moi, j’ai du nouveau à t’apprendre.

Ce début surprit un peu Robert et lui mit, comme on dit vulgairement, la puce à l’oreille. Quelle nouvelle allait lui annoncer le colonel qu’il avait quitté la veille dans l’après-midi ? Assurément, il ne s’agissait pas des mystères de ce grenier dont M. de Mornac ignorait l’existence.

Bécherel pressentit qu’il allait être question de Violette et il vit bientôt qu’il avait deviné.

— Mon garçon, lui dit M. de Mornac, je n’ai pas envie de te répéter les discours que je t’ai tenus hier, à propos de cette jeune fille et de tes projets sur elle. Tu es assez grand pour te gouverner comme tu l’entends. Je t’ai promis de te soutenir dans la tâche noble et… pénible que tu as résolu de t’imposer. Je n’ai qu’une parole, et pour te prouver que je tiens mes engagements, lorsqu’il me plaît d’en prendre, sache qu’aussitôt après t’avoir quitté un peu brusquement, aux Champs-Élysées, je suis allé tout exprès voir le directeur des Fantaisies-Lyriques.

— Et vous lui avez parlé de Violette ! s’écria Bécherel, ravi de tant d’empressement.