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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/194

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— Je n’attendrai pas son retour pour débarrasser M. de Bécherel de cette mijaurée de Violette. Marcandier m’y aidera.

— Marcandier ? répéta la comtesse, ébahie.

— Parfaitement. Il est homme de ressources. Il trouvera bien un moyen de couper court aux intrigues de cette coureuse de cachet.

— Quelle idée bizarre ! Marcandier nous est très dévoué… à ton oncle surtout… et il est très habile en affaires… mais celle-là sort de sa spécialité.

— J’ai mes raisons pour l’y employer. Et tout de suite. C’est chez lui que nous allons en ce moment.

— Comment ?

— Oui. Avant de monter en voiture j’ai dit à votre cocher de nous conduire rue Mozart. Il est quatre heures. Marcandier rentre après la Bourse. Nous sommes sûres de le trouver.

— Bon ! mais que vas-tu lui demander ?

— Vous m’entendrez. Je parlerai devant vous.

Mme de Malvoisine ne résistait jamais aux volontés d’Herminie. Elle se tut et l’entretien cessa au moment où la victoria, arrivée à la place de l’Étoile, tournait par l’avenue d’Eylau.

Elle était édifiante, cette conversation entre une mère coupable et sa fille naturelle. Si Robert de Bécherel avait pu l’écouter, il eût été complètement fixé sur la valeur morale de ces dames de la rue du Rocher, mais il aurait aussi compris à quels dangers il s’exposait en s’attachant à Violette.

C’était la guerre, une guerre sans trêve et sans merci, que la tendre Herminie déclarait à sa rivale et à lui par contre-coup ; et cette amoureuse sans scrupules allait recruter un redoutable auxiliaire