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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/217

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Mme de Malvoisine, rouge de colère et de honte, maudissait l’extravagance de sa fille qui prenait plaisir à se compromettre en se vantant de sa liaison avec une cabotine.

Marcandier rongeait son frein et donnait à tous les diables Herminie qui lançait au colonel un défi intempestif en proclamant qu’elle était l’ennemie de Violette.

Autant aurait valu avertir M. de Mornac qu’à eux tous, ils complotaient de faire siffler sa protégée.

Il ne restait plus à cette sotte qu’à le mettre en cause, lui, personnellement, et elle n’y manqua pas.

— Allons, mon cher, dit-elle à l’usurier, défendez vos amies ! Apprenez à M. de Mornac que vous êtes très attaché à Julia et que vous ne souffrirez pas que son imbécile de directeur la sacrifie à une pianiste congédiée.

Cette interpellation inattendue acheva d’éclairer le colonel, et il se mit à regarder avec plus d’attention Marcandier qui ne se pressait pas d’obéir aux injonctions de Mlle des Andrieux.

Une fois lancée, Herminie ne s’arrêtait plus.

— Dites-lui donc aussi, reprit-elle, que M. de Bécherel est votre obligé ; qu’il ne tiendrait qu’à vous de lui être très désagréable, et que vous ne vous en priverez pas, si notre chère Julia est évincée par cette virtuose du pavé, bonne tout au plus à chanter dans les cours.

Ce sera la paix ou la guerre, comme il lui plaira.

Marcandier aurait voulu être à cent pieds sous terre, mais il ne desserra pas les dents. Il se réservait de dire son fait à l’indiscrète Herminie, dès que le colonel ne serait plus là.