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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/234

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lier, qui restait persuadé de tenir un locataire inoffensif et indifférent à ce qui se passait dans la maison à côté.

Robert se félicitait aussi d’avoir loué pour un mois, car il n’était pas certain de réussir le soir même, et il voulait se réserver la faculté de recommencer l’expédition, si la première tentative échouait.

Que ferait-il ensuite, si, au contraire, il parvenait à entrer en communication avec la séquestrée ? C’était là une question qu’il n’avait pas encore envisagée et qu’il eût été prématuré de se poser à l’avance. Tout dépendait de la tournure que prendrait l’aventure et il comptait se décider d’après les événements. Mais, quoi qu’il arrivât, il était décidé à la pousser jusqu’au bout, dût-il s’exposer à des dangers plus sérieux qu’il ne l’avait prévu avant de s’y engager.

Tout était prêt pour commencer les opérations et en attendant le moment de passer des préparatifs à l’action, Bécherel avait quelques heures à dépenser. Il crut ne pouvoir mieux faire que de les employer agréablement.

Son plan était arrêté dans son esprit ; il n’avait plus besoin d’y penser. D’ailleurs, il se connaissait lui-même et il savait que les longues réflexions ne faisaient que brouiller ses idées.

En revanche, il était doué de la faculté de s’abstraire, pour ainsi dire, d’oublier momentanément les préoccupations sérieuses et de prendre des distractions dans les conjonctures les plus graves.

Il descendit donc au boulevard des Italiens et il alla s’asseoir devant Tortoni, pour y fumer un cigare, en regardant les promeneurs.