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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/277

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avait précisé ses propositions. Il offrait un petit hôtel, ce rêve de toutes les débutantes, un titre de six mille francs de rente sur le Grand-Livre et une allocation mensuelle, presque équivalente au douzième du traitement d’un ministre de la République.

Et, en échange de ces générosités invraisemblables, il ne demandait rien, pour le moment, pas même une audience. Il ne disait pas non plus où il avait vu Violette, mais il se réservait de se faire connaître, le soir de la première représentation à laquelle il comptait assister.

Après pas plus qu’avant cette soirée décisive, Violette ne voulait accepter les offres de cet adorateur anonyme, mais elle entrevoyait qu’elle aurait fort à faire pour se débarrasser de ses assiduités. Et surtout, elle craignait que Robert de Bécherel, son défenseur naturel, n’intervînt pour provoquer cet homme comme il avait provoqué Galimas chez Mme de Malvoisine. Elle ne voulait pas que son amoureux exposât sa vie pour elle et elle se promettait de ne pas l’appeler à son aide. Elle espérait se protéger toute seule et elle s’y préparait.

Il lui tardait, d’ailleurs, et à Robert aussi, que le jour de la grande épreuve arrivât.

L’incertitude est le pire de tous les maux, et ils comprenaient qu’ils ne pouvaient plus vivre comme ils vivaient depuis près d’un mois.

Il arriva enfin, après bien des remises, ce jour de la première représentation.

On était prêt, depuis plus d’une semaine, mais le directeur, expert en réclames, n’avait eu garde de négliger de surexciter la curiosité du public, en annonçant pour le surlendemain le début de Mlle Thabor