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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/340

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à accepter tes propositions. Je ne l’espérais pas beaucoup, parce que je la connais. Mais enfin, je me disais : essayons toujours. Quand elle verra les merveilles de l’hôtel du quai de Valmy, elle se laissera tenter… Maintenant, l’essai est fait. Qu’en penses-tu ? Je te le demande à toi-même. Il ne s’agit pas ici de ton amour-propre de séducteur. Crois-tu, en ton âme et conscience, venir à bout de la résistance de cette enragée de vertu ?

— J’ai peur que non. Et après ?… je m’en consolerais.

— Et tu laisseras l’oiseau s’envoler de sa cage. Voilà précisément ce que je ne veux pas.

— Tu veux quoi, alors ?

— La mettre dans l’impossibilité de nuire.

— Et comment ? Tu n’as pas, j’espère, le projet de lui tordre le cou.

— Fi donc ! c’est bon pour les brutes imbéciles, ces procédés-là.

— Du reste, je ne te laisserais pas faire. Mais enfin, où veux-tu en venir ?

— À te débarrasser de cette créature par un moyen doux, et pour toujours. Tu n’y parviendras pas sans moi.

— Je veux connaître le moyen.

— Pourquoi ? Pour en partager la responsabilité avec moi ? Tu as tout intérêt, au contraire, à me laisser agir seul. Tu ne me crois pas assez bête pour aller me mettre un meurtre sur la conscience. Le reste ne te regarde pas. Je me charge de tout. Tu n’auras qu’à te taire… et à envoyer paître les gens qui s’aviseraient de te soupçonner.

Personne n’a vu Violette entrer ici, personne que