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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/347

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solitude effrayante, elle entendait battre son cœur.

Maintenant, il ne tenait qu’à elle d’enlever le bâillon qui l’étouffait et le bandeau qui l’aveuglait. Elle n’osait pas. Elle se figurait qu’elle allait voir des choses horribles. Elle se figurait qu’elle allait voir des choses horribles. Elle respirait un air lourd et nauséabond, à ce point qu’elle se demandait si on l’avait enfermée avec des cadavres.

Elle n’était pourtant pas dans un caveau. Ces hommes avaient monté un escalier et ses pieds posaient sur un plancher, assez mal raboté, il est vrai, mais qui ne les glaçait pas comme l’auraient fait des dalles de pierre.

Où qu’elle fût, elle ne pouvait pas rester dans une incertitude pire que les plus atroces réalités.

Elle commença par défaire le bâillon et ce ne fut pas sans peine, car il tenait par des crochets serrés derrière la tête, comme ceux d’un masque de salle d’armes.

Elle parvint cependant à s’en débarrasser, mais elle y mit le temps.

Restait le bandeau qui était de grosse toile et qu’elle n’avait qu’à dénouer.

Quand ce fut fait, elle ouvrit les yeux et elle ne vit rien.

Autour d’elle, l’obscurité était profonde.

Violette avait laissé tomber sur le plancher le bandeau qui ne pesait guère et le bâillon qui était assez lourd. Le faible bruit produit par cette double chute éveilla un écho, comme fait le moindre choc sous les hautes voûtes d’une ne de cathédrale. La sonorité du local indiquait assez que ce n’était pas un souterrain. Et en levant les yeux, la jeune fille