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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/360

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blant. M. de Mornac, furieux, lui sauta à la gorge, et lui cria :

— Ah ! gredin ! tu nous écoutais. Je t’y ai déjà pris, mais cette fois, c’est trop fort et je vais te rosser d’importance.

— Ne me touchez pas, dit le Breton en se dégageant d’un bond et en prenant une position défensive.

Il était fort comme le sont les gars de son pays et si le colonel avait essayé de lui administrer une correction manuelle, il n’aurait pas eu beau jeu.

— C’est à mon maître que j’ai affaire, reprit Jeannic, à lui seul.

— Eh bien, parle ! lui dit Bécherel. Justifie-toi si tu peux. Et tâche de ne pas mentir. Tu n’y gagnerais rien. Je t’ai chassé et je ne te reprendrai pas.

— Oh ! j’ai mérité que monsieur me renvoie ; mais je ne voudrais pas retourner au pays sans que monsieur m’ait pardonné.

— Te pardonner quoi ?… d’écouter aux portes ? demanda Robert avec humeur. Va demander l’absolution au recteur de ta paroisse. Il te la donnera, si tu n’as pas d’autres méfaits à te reprocher.

— Comment ! s’écria M. de Mornac, tu t’amuses à discuter avec ce drôle, au lieu de le jeter à la porte ? Tu trouveras bon que je te quitte.

— Monsieur, lui dit Jeannic, vous auriez tort de vous en aller. J’ai des choses à apprendre à mon maître… des choses qu’il faut que vous entendiez, car…

— Explique-toi vite alors, interrompit Robert, en regardant le colonel pour le prier de rester.

— Tout ça est venu de ce que… il y a trois se-