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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/362

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— Oui… elle était bien contente… elle m’a raconté qu’on avait manqué de tout casser dans la salle, parce que la chanteuse s’était sauvée… Moi, ça me faisait de la peine… alors, elle s’est moquée de moi… elle m’a dit que cette demoiselle lui avait pris sa place, qu’elle la détestait et qu’elle se réjouissait d’être débarrassée d’elle… elle a ajouté qu’on ne la reverrait plus parce qu’on l’avait mise en cage.

— En cage ! s’écria Robert.

— Oui, ça voulait dire : en prison. Et comme je lui ai demandé ce que cette pauvre demoiselle avait fait pour être arrêtée par les gendarmes, elle m’a dit que je n’étais qu’une bête… qu’il n’y avait pas de gendarmes dans cette affaire-là… que son bon ami, l’autre, celui qui lui donne de l’argent, avait enlevé la chanteuse…

— Elle ne t’a pas dit où il l’avait conduite ?

— Si… dans une maison qui est à lui et où on va la garder de force. Ça m’a fâché. Mais j’ai fait semblant de trouver ça très bien, parce que je voulais savoir si c’était vrai. Alors, elle m’a donné des preuves et la colère m’a pris. Je lui ai dit qu’elle n’était qu’une coquine et je l’ai plantée là. J’étais ici avant minuit.

— Et tu ne m’as rien dit quand je suis rentré !

— Je ne savais pas que monsieur connaissait la demoiselle qu’ils ont si mal traitée. Et pourtant, cette vilaine histoire me tourmentait. Je voyais que monsieur avait du chagrin et je n’osais pas lui demander pourquoi. Mais quand j’ai entendu que monsieur parlait de la chanteuse… et de l’enlève-