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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/367

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espèce. Il a sans doute des domestiques qui ne valent pas mieux que lui. Ces gens-là pourraient vous faire un mauvais parti.

— Je ne les crains pas. D’abord, j’ai un bon revolver dans ma poche. C’est de quoi les tenir en respect. Et puis, j’ai assuré mes derrières. Au premier signal, mes hommes de la préfecture arriveraient à la rescousse. Et ce signal, ce sera un coup de pistolet. C’est convenu avec eux.

— Ils ne l’entendront pas. Ils sont trop loin.

— Mais tu l’entendras, toi, et tu les appelleras. Du reste, je ne serai pas obligé d’en venir là. Je sais ce qu’il faut dire pour intimider le sieur Morgan.

— Et vous croyez qu’il vous recevra ?

— J’en suis sûr. J’ai le mot de passe. Et il m’écoutera, j’en réponds. Je n’ai pas le temps de t’expliquer comment je vais m’y prendre. Mais, si tu as confiance en moi, tu peux bien me laisser faire. Tu joueras ton rôle plus tard, mais en ce moment ton intervention pourrait tout gâter. Au revoir donc !… à bientôt.

Et sans laisser à Bécherel le temps d’élever de nouvelles objections, M. de Mornac traversa la rue et sonna vigoureusement à la porte de l’hôtel.

Le valet qui vint ouvrir était en veste et en chaussons, un plumeau à la main. Il n’avait pas du tout l’air d’avoir servi dans de bonnes maisons et sa physionomie n’avait rien d’engageant. Il marquait mal.

— Qui demandez-vous ? dit-il grossièrement.

M. Léon Morgan, répliqua le colonel en appuyant sur le prénom.

— Monsieur ne reçoit pas.