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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/373

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— Je conclus que si vous savez la vérité, vous avez le plus grand intérêt à la dire avant qu’on agisse.

Et j’ajoute que nous admettons très bien qu’au fond de cette histoire, il n’y ait pas de crime, dans le véritable sens du mot. La séquestration arbitraire en est un, surtout quand elle a été employée pour faire disparaître une personne dont l’existence gênait celui qui l’a commis, ce crime que le Code n’a pas défini… par exemple une personne ayant des droits à un héritage.

Mais il est des cas où la culpabilité est très atténuée. Supposez qu’un membre d’une famille respectable soit atteint de folie. C’est toujours une tare pour les enfants… et même pour les parents. Quand on est d’une race où il y a des fous, on trouve plus difficilement à se marier. Alors, on conçoit que cette famille cherche à cacher cette plaie et qu’au lieu d’envoyer le fou dans une maison d’aliénés, elle le garde, elle l’isole…, c’est très blâmable, mais c’est humain, car l’humanité n’est pas parfaite.

— Non, sacrebleu, elle n’est pas parfaite. Et il y a beaucoup plus de canailles que d’honnêtes gens… Mais… où voulez-vous en venir ?

— À vous dire… j’y suis autorisé par M. le préfet… à vous dire que si l’individu enfermé là-haut est un fou et s’il y a été enfermé pour les raisons que je viens de vous citer, l’affaire changerait de face.

— Qu’arriverait-il alors ?

— On apprécierait les motifs de la séquestration et s’il était prouvé qu’elle n’a pas été appliquée