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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/375

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— Oui… la mienne. Vous voyez que je ne vous cache rien. Je l’ai épousée en Amérique et elle ne m’a apporté aucune fortune. Je n’avais donc aucun intérêt à me débarrasser d’elle.

— Tu mens, pensait le colonel. Elle gênait ta maîtresse.

— Elle est devenue folle pendant un séjour que je fis au Havre. J’avais cessé de naviguer et je vins me fixer à Paris. À ce moment, elle n’avait pas tout à fait perdu la raison, mais la maladie fit des progrès si rapides qu’il fallut aviser. Je voulais placer la malheureuse dans une maison de santé. Marcandier m’en dissuada et s’offrit à la garder. J’eus le tort d’écouter le conseil qu’il me donna. Je m’en suis souvent repenti depuis. J’avais le pressentiment que tout cela finirait mal.

— Moins mal que si la dénonciation avait amené une descente de justice. Permettez-moi maintenant de vous adresser une question. Mme de Malvoisine est-elle informée de cette histoire ?

— Ah ! vous savez…

— Je sais que vous avez eu des relations avec elle, et qu’il en est résulté une fille que vous n’avez pas reconnue, afin de pouvoir lui laisser toute votre fortune.

— Je ne m’en cache pas.

— Vous n’avez pas eu d’enfant légitime ?

Morgan pâlit, mais il était en train de dire la vérité, et il répondit :

— Si… ma femme m’avait donné une fille. On me l’a volée.

— Qui vous l’a volée ? demanda vivement le colonel, très surpris de cet aveu.