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Page:Boisgobey - Rubis sur l'ongle, 1886.djvu/83

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liquidation. Il y a des nouvelles et la journée sera chaude. Mais il ne s’agit pas de ça. As-tu terminé avec Rubis sur l’ongle ?

— Oui. Il m’attendait et l’entrevue n’a pas été longue. Après un quart d’heure de conversation, j’ai eu les dix mille francs.

— Je te l’avais bien dit. N’est-ce pas qu’il est rond en affaires, ce cher Marcandier ?

— Oh oui ! très rond, répondit Bécherel ; si rond que je me défie un peu de lui.

— Et pourquoi ? demanda Gustave.

— Parce qu’on n’a jamais vu un usurier prêter de but en blanc une somme aussi forte à un monsieur qu’il ne connaît pas.

— Tu oublies que je l’avais préalablement renseigné sur toi. Il sait que tu es un fils de famille et qu’il te reste une belle fortune territoriale… indivise avec ta mère, c’est vrai, mais qui te reviendra un jour tout entière. Et puis, ton nom a fait son effet… là, comme ailleurs.

— Mon nom !… Ah ça ! tu te figures donc que je descends des ducs de Bretagne ? Nous sommes d’une bonne vieille noblesse de robe ; rien de plus.

— C’est bien assez pour des gens qui seraient embarrassés de remonter jusqu’à leur grand-père. On voit bien que tu ne connais pas les parvenus. Marcandier est le fils d’un garçon de café, et c’est pour cela qu’il a un faible pour les gens qui ont un titre ou seulement la particule.

— Est-ce que Mme de Malvoisine et Mlle Des Andrieux sont aussi des parvenues ? demanda ironiquement Robert.

— Heu ! il y a de ça, répondit en riant Gustave.