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Page:Boissonnas, Une famille pendant la guerre, 1873.djvu/128

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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

éléphants du Jardin d’acclimatation. Cela les touchera plus que bien d’autres pertes.

Berthe à André de Vineuil.
Les Platanes, 15 novembre.

Une victoire ! une victoire ! une vraie ! et tu y étais mon cher, bien cher André ! notre joie est mêlée de tant de crainte qu’elle n’est presque plus une joie.

Les journaux anglais viennent d’arriver, ils portent en énormes caractères pour la première fois : « Great French Victory ! Orléans occupied by the French troops[1] ». L’émotion nous a suffoqués, nous n’osions lire plus loin, il nous semblait que la ligne suivante allait démentir celle-là ou bien nous apprendre quelque chose d’affreux sur notre soldat. Nous ne vivrons plus jusqu’à ce qu’un mot de toi nous rassure, mais le jour où viendra ce mot… quelle joie ! tout ce qui est triste et amer sera oublié.

Il y a un instant, j’ai aperçu François se dirigeant contre ses habitudes vers ce que nous appelons le quartier prussien. J’ai compris que ce parfum de

  1. Grande victoire des Français ! Orléans occupé par les troupes françaises.