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Page:Boissonnas, Une famille pendant la guerre, 1873.djvu/136

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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

miers n’avait pas encore eu lieu, et pour lui, mon inquiétude reste entière… Tu vois comme le bonheur rend exigeant, c’est bien mal. Je ne devrais être que reconnaissant.

Du même à la même.
Paris, 18 novembre.

Une étoile isolée qui brille au ciel n’empêche pas la nuit d’être noire ; un mot isolé après lequel le silence reprend n’empêche pas ce silence d’être oppressif. Pour moins l’entendre, pour essayer d’oublier que tous nos interlocuteurs habituels sont devenus muets, nous allons parler entre nous. D’ailleurs l’homme ne vit pas de pain seulement, il vit aussi de pensée et de foi.

De généreux esprits entreprennent d’en nourrir les Parisiens. À ceux qui souffrent, ils essayent de montrer ce qu’il y a de grand et ce qu’il peut y avoir de salutaire dans leur souffrance. Quelques-uns promettent le triomphe, heureux sont-ils s’ils y croient ! J’aimerais mieux qu’on se bornât à glorifier l’effort qui sauve l’honneur et qu’on en profitât pour enseigner à notre génération ce qu’est l’honneur et quelle est sa beauté. Le nom en semble si vieilli à notre langage moderne qu’on en pourrait inférer, ainsi que de bien