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Page:Boissonnas, Une famille pendant la guerre, 1873.djvu/172

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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

Je prie madame de m’excuser et de me croire son serviteur pour la servir.

Joseph Barbier.

Du même à la même.
Oucques, 6 décembre.

Madame,

Nous voilà encore échappés, et comme qui dirait en paradis. M. André ne va pas plus mal, malgré les grandes fatigues et le froid, et quand j’aurai expliqué à madame le bonheur qui nous arrive, elle verra qu’elle peut maintenant être tranquille sur son compte. Mais il me paraît légitime, ayant du temps, de reprendre de plus haut.

D’abord notre nuit n’a pas bien fini, à Coinces, où j’avais pu faire coucher M. André. Sur les cinq heures du matin, voilà une panique partout parce qu’on crie : L’ennemi ! l’ennemi ! Vivement j’attelle, je charge, et me voilà roulant à travers champs, car la route était si encombrée qu’on n’avançait autant dire pas. M. André souffrait plus que la veille, disait-il, et cela me faisait grand’pitié de cahoter tant que cela ce pauvre jeune monsieur ; souventes fois, je lui ai