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Page:Boissonnas, Une famille pendant la guerre, 1873.djvu/210

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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

pertes. Le général de Sonnis est tué[1]. Nos soldats ont été admirables presque partout, au dire même des Allemands. Cela est une consolation, la seule.

On croit que le 15me corps (notre centre) n’ayant pu avancer du même pas que le 16me et le 17me (notre gauche) qui sont tous deux sous les ordres d’un jeune général qu’on appelle Chanzy, ce dernier s’est trouvé seul en avant et exposé à être coupé de sa ligne de retraite. Il s’est replié. Son mouvement de recul a permis aux troupes allemandes, qu’il avait contenues et même repoussées, de venir renforcer celles qui attaquaient le 15me corps. On dit qu’il y a en ce moment cent mille Allemands entre Artenay et Chevilly, j’ai peine à le croire, mais enfin une irrésistible masse a pesé sur ce seul point de Chevilly qui barre le passage sur Orléans et forme en même temps le centre de notre armée. On s’est encore bien battu hier, au moulin d’Anvillers, tout près de la grande route ; trois de nos blessés y étaient ; cela a été un effort aussi vain que les autres. Chevilly était pris déjà hier au soir sans que nous le sussions, maintenant la marée prussienne nous a dépassés, l’effroyable canonnade menace Orléans, qui malgré la panique conserve au moins 45,000 habitants ! Les officiers allemands osent dire que le bombardement de cette ville sera l’une des justes vengeances de cette guerre, elle

  1. Le général de Sonnis a survécu à l’amputation de la cuisse.