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Page:Boissonnas, Une famille pendant la guerre, 1873.djvu/229

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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

et quand je reviens je trouve tout enfoncé. »

À travers les gémissements de ton fils auxquels tu peux mettre le ton, j’ai fini par savoir son histoire et j’ai pu, en toute conscience, le consoler et lui dire qu’il avait fait utilement son devoir.

Le 30, après avoir remis sa dépêche au général Susbielle, il s’était trouvé libre de ses mouvements et s’attardant, toujours en quête de son coup d’éclat, il fut rejoint par une batterie montée qu’on ramenait à travers champs avec un peu de hâte, pour la mettre en position plus près de Créteil et protéger ainsi la retraite. Comme elle passait, un obus tomba entre le dernier canon et son caisson, et éclata. Maurice était si près qu’il fut couvert de terre et que Stanley, malgré sa bonne éducation, se déroba tout effaré. Maurice ramena facilement son cheval et vit que les deux chevaux de volée du caisson et un des artilleurs étaient tués ou grièvement blessés.

Il saute à terre et relève l’homme, qui respirait encore, mais sa surprise est grande de voir que les artilleurs détellent les chevaux restés intacts et se préparent à abandonner le caisson. Il cherche des yeux l’officier, mais celui-ci a continué avec les pièces de sa batterie, il ne reste que deux servants, un artilleur à cheval et le blessé.

« Vous n’allez pas laisser votre caisson ?

— Faut bien, disent les servants, nous ne voulons pas nous faire prendre avec, et quant à le tirer