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Page:Boissonnas, Une famille pendant la guerre, 1873.djvu/259

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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

enfoncée dans le mur, elle avait gardé avec elle quelques cheveux bruns que le vent du matin faisait frissonner.

Dans notre trajet de cette ferme à Monthodon, nous entendîmes des coups de canon sur la gauche. Un passant nous apprit qu’on tiraillait sur la route de Vendôme, mais que nous pourrions probablement entrer à Château-Renault par le côté ouest, car le général Curten tenait toujours. Nous hâtâmes la marche de notre petit cheval qui maintenant, du reste, ne traînait plus que le seul varioleux, car nous voulions nous habituer à la fatigue, et nous atteignîmes la ville dans un moment de calme. Il était dix heures. En traversant le pont de la Brenne, nous serrions les mains du brave homme à qui nous devions notre délivrance. Il fallait le quitter, et cela était triste, mais nous redevenions soldats.

Sur la place, nous trouvâmes une agglomération de débandés qui me rappela les passages de fuyards à Oucques. J’allai au quartier du général Curten et fus assez heureux pour être reconnu par *** qui m’a présenté. Je rentre avec mon grade de lieutenant.

*** m’a mis au courant de la situation. On compte évacuer la ville demain, car l’ennemi tend à couper la division Curten du reste du corps Jauréguiberry, qui occupe Château-du-Loir. Les Prussiens ont déjà poussé une avant-garde aux Ermites, tout près de ce Monthodon par lequel nous avons eu le bonheur de