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Page:Boissonnas, Une famille pendant la guerre, 1873.djvu/61

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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

et près de gagner Flize, quand un parti allemand se montra, venant à lui. Il se jeta dans un fossé plein d’eau et s’y tint étendu jusqu’à ce que les cavaliers eussent passé sans le voir. Il n’osa plus traverser de terrains découverts avant que la nuit se fût faite de nouveau. Il était transi et souffrait de la faim. Une femme vint à passer vers cinq heures du soir près des fagots sous lesquels il s’était enfoui ; il l’appela doucement et se confia à elle. Cette femme n’hésita pas. Sans oser s’arrêter de peur d’attirer l’attention, elle lui promit son secours et revint à la nuit. Elle le guida alors chez elle et lui donna nourriture et vêtements, les mêmes vêtements que le capitaine porte encore ; puis il partit, décidé à marcher de nuit et à dormir le jour. Mais il vit qu’il se trompait souvent de direction, et, après trois nuits de marche, il se hasarda, se croyant moins menacé, à continuer sa route au jour.

Une fois, une bande de uhlans déboucha soudainement d’un taillis derrière lui. Il était dans un champ, on y avait arraché des pommes de terre, et les outils y étaient restés avec des sacs à moitié pleins ; en entendant le pas des chevaux, il se courba là où il était et parut continuer l’ouvrage commencé. Les uhlans semblaient vouloir s’établir, ils descendirent de cheval, allumèrent du feu et vinrent prendre des pommes de terre de l’un des sacs. Il y avait près d’une heure que cela durait quand les ouvriers,

3.