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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/102

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ah ! ma mere, ayez pitié de moi. Aurois-Je encore des contradictions à eſſuyer ? dit-elle en me repouſſant de la même main ſur laquelle j’avois collé ma bouche… Je ſuis indignée de cette opiniâtre indocilité, & ne la fomenterai plus par une molle condeſcendance… Accablée par ſon ton, par ſon air, par ſon geſte, j’enveloppai ma tête dans ma robe, pour cacher mon déſeſpoir. Je verſois des pleurs, je pouſſois des cris. Madame de Rozane m’ordonna pluſieurs fois de me lever, ſans que j’en fiſſe rien. Mon obſtination fatigua ſa patience. Elle recula bruſquement ſon fauteuil, & tourna vers ſon cabinet. J’étendis, avec impétuoſité, mon corps & mes bras pour la retenir, de façon que je me trouvai entiérement proſternée à ſes pieds ; je les ſerrois de toute ma force, en la conjurant de ne me point abandonner. Eh bien, que voulez-vous ? demanda-t-elle froidement. — Que vous me garantiriez du ſupplice auquel vous me condamnez… Faites de moi ce qu’il vous plaîra… Mettez-moi dans la retraite la plus profonde ; mais ne me livrez point à quelqu’un que je déteſterois infailliblement. — Si vous n’avez rien de plus à me dire, cela ne changera pas mes diſpoſitions. Vous n’irez point au Couvent, Mademoiſelle. Vous épouſerez le Préſident, puiſque vous