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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/118

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je reçuſſe de réponſe. J’attendois avec une extrême impatience… Enfin, on me remit deux lettres, l’une de ma mere, l’autre de ma ſœur ; c’étoit l’intéreſſante… Je l’ouvris : la voilà.

Mlle. d’Aulnai à Madame de Murville.

„ J’avois appris votre mariage, mais j’ignorois vos diſpoſitions, & celles où M. de Murville étoit pour vous… Vous êtes aimée, puiſque vous vous promettez d’être heureuſe ? Jouiſſez de cet ineſtimable bien : mon cœur s’en occupera plus que vous ne l’imaginiez ; c’eſt tous ce que je puis faire. Perſonne ne ſeroit moins propre que moi à diſſiper votre ennui. Je troublerois, au contraire, par ma préſence, & ma façon de penſer, la félicité que vous goûterez bientôt. „

Ma mere me conſirmoit le reſus de Mademoiſelle d’Aulnai ; elle l’avoit laiſſée, diſoit-elle, maîtreſſe de ſe rendre à mon invitation ; & n’avoit pas cru devoir uſer de ſon autorité pour l’y contraindre. Je me perdis en conjectures ſur ce que je venois de lire. Quel ton ! quelle ſéchereſſe ! quel procédé ! A quoi pouvois-je attribuer de telles bizarreries ?… Tout m’y paroiſſoit inconcevable.