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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/155

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quiétante… Cependant ces bonnes filles exagerent tant les choſes, qu’il ſe pourroit… Je vous aſſure, interrompis-je, qu’il n’y a point d’exagération ; Madame de Saintal me déclare que le mal eſt très-preſſant. Ce témoignage eſt plus grave, dit la Marquiſe ; il n’eſt pourtant pas infaillible. Mademoiſelle d’Aulnai a beaucoup de vapeurs ; les ſymptômes de cette maladie ſont quelquefois très-effrayants… On peut s’y méprendre… Enfin nous verrons. Après-demain je retournerai à Paris ; & ſi nos frayeurs ſe diſſipent, comme je le préſume, nous reviendrons ſous peu de jours.

La triſteſſe étoit ſi contraire à mon humeur, que j’aurois partagé très-volontiers la ſécurité de Madame de Rozane ; mais j’avois beſoin d’un prétexte pour pleurer. Une nouvelle fâcheuſe arrive ſi à propos, dans ces circonſtances, qu’on ne voudroit pas en retrancher la moindre choſe ! Mes larmes coulerent abondamment ; mes ſentiments ſe croiſerent avec force, tant que je fus contrainte de reſter en repréſentation. Dès que je me trouvai libre, l’article de Mademoiſelle d’Aulnai ſe rangea de lui-même à l’écart : il n’exigeoit aucune diſcuſſion.

Mon aventure avec Rozane m’avoit rejettée dans mes incertitudes. Que ſignifioit