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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/179

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vois promis d’attendre la réponſe du Chevalier. Le ſoleil dardoit à plomb ſur moi, je n’y faiſois pas attention ; mais mon ame & mon corps étoient dans un mal-aiſe inexprimable.

„ Ma Commiſſionnaire s’excuſa de ſon retardement, ſur ce que M. de Murville, qui s’étoit couché fort tard, ne venoit que de s’éveiller. Elle me donna une lettre qu’il avoit écrite avant de ſe mettre au lit… Il dormoit pendant que j’étois livrée à des peines qu’il ne pouvoit pas ignorer… Il dormoit !… Le ſommeil, ce ſoulagement ſi néceſſaire aux infortunés, devroit-il être fait pour les perfides & les ingrats ?… Je lus cette épître tant attendue… Liſez-la auſſi : c’eſt une production de votre digne époux, elle ne ſauroit vous être indifférente. „

Le Chevalier de Murville à Mlle d’Aulnai.

„ Je vais, ma chere d’Aulnai, vous plonger un poignard dans le cœur. Affreuſe néceſſité pour un homme qui vous adore ! mais je me rendrois coupable, en diſſimulant ce que je n’ai pas la force de vous apprendre moi-même.

„ C’en eſt fait, il faut renoncer, pour toujours, à l’eſpoir de nous unir. Les