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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/186

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„ En attendant, tu ſeras mon premier, mon unique ami. Nous nous verrons, nous nous écrirons… Je te raconterai mes ſecrets, mes peines, mes plaiſirs… Ils t’auront ſouvent… toujours même pour objet…

„ Juſqu’à l’inſtant de notre union, je trouverai le moyen de reſter dans ma retraite. L’ennui, les dégoûts de la ſociété ne me feront rien, quand je pourrai me dire : Murville m’aime, Murville eſt à moi ; chaque heure, chaque minute qui s’écoule, m’avance vers le jour où je m’honorerai, aux yeux du public, du nom de mon amant. Voilà le deſſein que l’amour m’a fait former depuis long-temps, que je t’ai propoſé, que je te propoſe encore… Conſulte-toi, décide, & ſois aſſuré que ta déciſion ſera l’arrêt de ma vie ou de ma mort.

„ Il ſe paſſa trois jours, eh ! quels jours ! juſqu’à la réponſe du Chevalier. Elle étoit remplie de proteſtations d’attachement, de plaintes non motivées contre le fort, d’exhortations pathétiques au courage… Murville rejettoit l’engagement clandeſtin que je propoſois : il juſtifioit ſon refus par les phraſes rebattues de l’honnêteté, de la délicateſſe ; & finiſſoit en diſant, qu’il partoit pour la campagne avec Madame de Rozane & vous.