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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/203

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de ſa bienveillance. Sa réponſe fut conforme à l’idée que j’en avois. Vous êtes maîtreſſe de quitter cet habit, me dit le Comte ; mais vous ne le ſerez pas enſuite de diſpoſer de vous-même : un parent de la Marquiſe vous épouſera… J’ignore quel eſt le perſonnage ; je ſais ſeulement qu’il habite une Province éloignée, où vous irez paſſer votre vie avec lui. Que me conſeillez-vous, demandai-je ? — Rien. Je ſuis l’homme du monde le moins fait pour être conſulté ſur une pareille matiere. C’eſl à vous de voir ſi… Tout eſt vu, Monſieur, interrompis-je, tout étoit prévu. Peut-être j’aurois balancé, s’il m’avoit été permis de reſter ſans engagement : mais aller me parjurer aux pieds des Autels ; m’aſſocier un malheureux ; me charger d’un joug inſupportable, ou lutter perpétuellement contre la tyrannie pour m’en défendre ? Non : ce que j’y gagnerois n’en vaudroit pas la peine… Il faut finir, & finir ſous le même ciel, en reſpirant le même air que Murville. Vous l’aimez donc toujours également ? demanda triſtement le Comte. Jugez-en par ma réſolution, répondis-je ; ce que je pourrois bien dire, ſeroit trop au deſſous de la vérité… Plaignez-moi, & n’entreprenez pas d’arra-