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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/29

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d’une amie… Le voulez-vous ? parlez. Hélas ! oui, répondis-je ; mais ſi elle me rebute ? — Il faudra redoubler d’efforts pour la gagner ; vous aurez d’autant plus de gloire, qu’elle oppoſera plus de réſiſtance ; & ſûrement elle en oppoſera beaucoup : car enfin cette pauvre ſœur a bien des choſes à vous pardonner. — A me pardonner ! eh, quoi donc, Madame ? — Toutes les préférences qu’on vous a données ſur elle, & toutes celles que vous vous êtes arrogées… Je ne doute point qu’elle ne vous en ait fait ſentir ſon mécontentement… Peut-être le reſſentirez-vous encore ; mais pour vous aider à le ſoutenir, dites-vous à tous les inſtants, que le plus heureux eſt chargé des avances ; que ſon bonheur lui impoſe le devoir d’être doux, d’être patient ; & qu’un cœur abreuvé d’amertume, tel qu’eſt celui de Mademoiſelle d’Aulnai, exige les égards, les ménagements les plus délicats.

En parlant ainſi, Madame de Saintal m’embraſſoit affectueuſement. Je pleurois moins d’attendriſſement que de confuſion : la Comteſſe feignit de s’y méprendre, elle me félicita ſur mes courageuſes réſolutions, me traça un plan de conduite, auquel je me conformai très-exactement, en dépit de mes répugnances.

Mon début ne réuſſit pas. Mademoiſelle