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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/57

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ſaurois m’engager ainſi. — Qui vous en empêche ? — Ma mere. — Ah ? je ſuis perdu ſi vous en appellez à votre mere. — Eh non, vous ne l’êtes pas : écoutez. Ma mere eſt la maîtreſſe de ne point conſentir à notre union ; mais je ne conſentirai point à d’autres… Etes-vous content ? — Oui. — En ce cas, reſtez donc tranquille, & dites-moi ſi Mademoiſelle de Villeprez… De grace, interrompit-il, laiſſons ces femmes, elles ne méritent pas de nous occuper dans ces précieux inſtants… Parlons de nous. — Parlons d’elles, s’il vous plaît, ne fût-ce que pour diſſiper mes inquiétudes. Mademoiſelle de Villeprez ſait-elle votre amour pour moi ? — Je ne lui ai pas dit ; mais elle peut bien s’en douter. — Comment ? Pourquoi ? En vérité, reprit le Comte, je ſouffre d’être condamné à faire une narration, quand nous avons à traiter de choſes infiniment plus intéreſſantes ; mais puiſque vous l’exigez, vous allez tout ſavoir.

A votre ſortie du Couvent, je vous trouvai la plus aimable, la plus ſéduiſante perſonne que je connuſſe ; mais plus vous étiez redoutable, plus je travaillai à me fortifier contre vous… Je frémiſſois à la ſeule penſée d’aimer la fille de la Marquiſe, tant il me paroiſſoit impoſſible qu’une telle paſſion eût des ſuites heureuſes : delà cette inat-