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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/59

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inexprimables,… j’ai ſoutenu des combats au-deſſus des forces ordinaires. Rien n’a pu modérer la violence de mon penchant… Brûlant, tremblant, ſouffrant d’avance tous les maux de l’avenir, il a fallu céder à ma deſtinée ; vous adorer, vous le dire, au riſque du bonheur de votre vie & de la mienne.

Pour Mademoiſelle de Villeprez, je ne l’ai pas revue : elle m’a écrie comme à un eſclave fugitif, qui doit s’eſtimer trop heureux, ſi l’on veut bien lui redonner ſes chaînes… Quelques phraſes à votre ſujet ont excité ma franchiſe. Sans convenir de mon amour, je n’ai ménagé, dans ma réponſe, ni ſon orgueil, ni ſa jalouſie : & c’eſt là fans doute ce qui vous a rendu l’objet de ſon reſſentiment. Quant aux moyens donc elle s’eſt ſervie pour mettre ſa mere de moitié dans ſa vengeance, je les ignore : ce ne peut être que l’ouvrage de la fauſſeté. Qu’elle eſt dangereuſe avec un tel caractère ! m’écriai-je ; je ne ſais quoi me dit que cette créature nous fera bien du mal. Il faut nous faire un appui de mon pere, reprit le Comte. Je ſais que la Marquiſe me déteſte, & qu’il en eſt ſubjugué ; mais je vais me rendre aſſez attentif, aſſez ſoigneux de lui plaire, pour m’attirer ſa bienveillance. Quels ſacrifices ne trouverai-je pas