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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/88

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rer le nom en ma préſence. Il eſt à ſon Régiment, répondit-il, & ſe porte mieux qu’en partant de Paris. C’eſt beaucoup, dis-je ; mais eſt-ce tout ce que vous avez à m’apprendre ? — Oui : que voudriez-vous ſavoir de plus ? — Hélas ! ne le devinez-vous pas ?… Ses ſentiments. — Je les ignore ; & quand il me les auroit confiés, je ne vous en inſtruirois pas : s’il vous aime, c’eſt un malheur pour lui, dont généreuſement vous devez ſouhaiter la fin. Moi ! m’écriai-je, je ſouhaiterois qu’il m’oubliât ? jamais, jamais je ne formerai ces vœux cruels & inutiles. La plus tendre paſſion nous unit : elle eſt juſte, elle doit être durable, puiſque c’eſt par elle ſeule que nous pouvons eſpérer d’être heureux.

Excellente concluſion ! s’écria M. de Rozane : eh, qui vous a donné cette admirable certitude ? ſeroit-ce le caractere de mon fils, ſur lequel vous n’êtes pas en état de prononcer, dont je ſuis ſûur que vous n’avez pas la plus légere idée ?… Avez-vous obſervé combien il eſt délicat, exigeant, ſuſceptible dans ſes attachements ? Savez-vous qu’également incapable d’oublier une faute qui bleſſeroit ſon cœur, ou s’abaiſſer à s’en plaindre, il ſouffriroit peut-être mortellement, lorſque vous le croiriez le plus tranquille ? Vous êtes-vous repréſenté les incon-