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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/90

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ce qui nous eſt cher, dès que les paſſions des autres l’exigent ? C’eſt ce qui bleſſe tellement la juſtice, qu’on entreprendroit en vain de me le perſuader. Voilà de jolis principes ! dit le Marquis : pour votre honneur, je veux croire qu’ils ne ſont pas de vous ; & ſi je ſavois qu’ils vinſſent de mon fils, je ne lui pardonnerois pas. Quoi qu’il en ſoit, je vous exhorte à plus de circonſpection avec votre mere, & ne vous flattez pas qu’une perſonne honnête, raiſonnable, puiſſe ou veuille vous ſoutenir dans cet eſprit de révolte.

Une réprimande n’étoit pas une raiſon ; je le ſentis, & m’affermis d’autant plus dans mes réſolutions ; mais je compris auſſi que je ſerois réduite à la dure, à l’embarraſſante néceſſité de ne prendre conſeil que de moi-même.

Tout entretien particulier avec Mademoiſelle d’Aulnai m’étoit interdit. Je n’allois point ſeule au Couvent. Nos lettres, expoſées à être lues des Religieuſes, n’étoient pas une reſſource pour la confiance. Une ſemblable contrainte me peinoit extrêmement. Outre le beſoin que je croyois avoir des ſecours de ma ſœur, j’avois remarqué, dans mes dernières viſites, une impreſſion de triſteſſe ſur ſon viſage, dont je brûlois d’apprendre le ſujet ; je n’en avois pas en-