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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme.djvu/92

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nous n’en ſommes pas aux confidences. — Qu’appellez-vous des confidences ? Imagineriez-vous m’en faire une en convenant que vous penſiez à Rozane ? — Mais oui : ſi tel étoit l’objet de ma rêverie, l’aveu que je vous en ferois, mériteroit aſſez bien ce nom. — Point du tout : il eſt impoſſible que vous ayez, ſur cet article, quelque choſe de ſecret pour moi. Le Comte ne ſe retrace point en votre ſouvenir ; il n’échappe pas à votre cœur un ſentiment vers lui, que je ne m’en apperçoive à l’inſtant même. En ce cas, dis-je avec quelqu’émotion, vous pourriez bien me devenir inſupportable. — C’eſt ce que je ne crains point ; vous êtes trop juſte pour condamner des obſervations dont un vif intérêt eſt le principe. — J’ignore, Monſieur, & veux toujours ignorer quel il peut être cet intérêt ; mais je vous avertis que vous ſerez ſfagement de ne m’en plus donner de ſemblables preuves. — Voilà, Mademoiſelle, ce que je ne puis abſolument accorder, puiſque ce ſeroit à votre préjudice. Vous aimez, vous ſouffrez, il faut guérir ce cœur fait pour les plaiſirs de l’amour, & non pour ſes tourments ; je me fuis impoſé le devoir d’en entreprendre la cure. — De grace, épargnez-vous cette peine, ſoit que j’aime, ou que je n’aime pas. — Oh, ne