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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/100

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tion… Elle répéta ce qu’elle m’avoit déja dit, appuya ſur ce que nous avions à craindre, particuliérement de Madame d’Archenes… Les bruits ceſſent promptement dans Paris, quand on ne leur fournit plus d’aliment, ajouta-t-elle ; mais ce ſeroit à quoi vous ne manqueriez pas, ſi vous y reſtiez enſemble ; il faut donc abſolument vous ſéparer. Le deſſein que je vous ſuppoſe, Monſieur, en fournit un prétexte tout naturel. Depuis pluſieurs années, vous n’avez pas été dans la Province où vos biens ſont ſitués ; cette longue abſence peut leur être préjudiciable… On peut le croire au moins, c’en eſt aſſez pour juſtifier le ſéjour que vous irez y faire ; vous donnerez enſuite quelques mois à votre régiment. Le grand deuil paſſera ; les propos tomberont… Au retour vous réglerez les affaires de votre cœur, ſans inconvénient, pour la réputation de l’un & de l’autre.

Cet arrangement fut pour nous un coup de maſſue… Je pâlis ; le Comte ſe récria : il trembloit de me confier aux ſoins très-ſuſpects de ma mere ; mais elle ne ſouffroit pas volontiers les contradictions : d’ailleurs ſes raiſons étoient bonnes, & nous ne voulions pas la fâcher… Il fallut conſentir à ce qu’elle preſcrivoit.

Nous n’oſâmes nous procurer un ſecond