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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/113

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de ménagement, eſſaya de me ramener à mes réſolutions ; ce fut avec une douceur infinie ; ma réponſe ſeche & préciſe, lui fit ſentir que ces remontrances me fatiguoient, que je voulois aimer à ma façon, ſans m’aſſujettir à ce que j’appellois une inutile méthode.

De ce moment, il ne m’en parla plus ; mais il retomba dans ſa mélancolie, que notre union avoit diſſipée. Comme je ne pouvois m’en diſſimuler la cauſe, je la combattis par intervalle… très-mollement ; & ces légers efforts ne réuſſiſſant pas, je me mis à l’aiſe, en me perſuadant qu’une triſteſſe ſi opiniâtre étoit un défaut de caractere, contre lequel je lutterois vainement.

Je conſervai bien, pour mon mari, un ſentiment de préférence ; mais ſa ſociété perdit ſes charmes, ſes careſſes, leur enchantement. Le monde me redevint néceſſaire ; je courus après ſes fêtes… Bientôt on me nomma la première de celles qu’on voyoit par-tout.

Le Comte ne m’arrêtoit point, nul reproche ne lui échappoit : à la vérité, ſes regards, ſes ſoupirs, toutes ſes actions, m’en auroient fait de bien énergiques, ſi j’avois voulu les entendre.

Rebuté par le peu d’importance que je mettois à ſes ſoins, aux témoignages les