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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/124

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mon rideau, l’heure qu’il étoit… Qu’on ſe repréſente ma ſurpriſe, lorſque je reconnus la voix de mon mari dans celui qui me répondoit. C’eſt vous, dis-je avec un trouble que je ne me définiſſois pas… Déja levé,… déjà habillé !… Pourquoi donc ?… Vous étiez malade hier… Mais !… vous l’êtes encore… Si j’en juge ſur les apparences, vous l’êtes très-ſérieuſement. En effet, ſa pâleur, ſon abattement étoient tels qu’on ne pouvoit les attribuer à un ſimple mal de tête… De plus, je voulois l’alarmer aſſez ſur ſon état, pour qu’il ſe remît au lit, & me laiſſât la liberté dont j’avois beſoin.

Ne parlons point de ma ſanté, dit-il, ce que j’ai à vous apprendre vous occupera ſans doute d’une maniere plus intéreſſante. Ce peu de mots & l’air ſombre qui les accompagna, me rendirent muette. Les yeux du Comte, fixés ſur moi, avoient, je ne ſais quoi de pénétrant,… de terrible, qui me força de baiſſer les miens. Votre deſſein n’eſt-il pas de ſortir ce matin ? me demanda-t-il… Autre ſujet d’embarras : à propos de quoi me faiſoit-il cette queſtion ?… lui qui ne s’informoit de mes démarches que lorſqu’il pouvoit contribuer à les rendre plus agréables. Avoit-il reçu quelques lumieres ?… Comment ?… Par qui ?… Je