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Page:Bonafon - Les Confidences d une jolie femme vol2.djvu/88

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Oh, ne recommençons point par quereller, interrompit-il, tâchons de nous entendre. Votre fille eſt une étourdie, même quelque choſe de pis à votre égard ; mais votre gendre étoit un fat, aſſez ſéduiſant pour ſurprendre votre confiance, aſſez frippon pour en abuſer… Celle-ci mérite qu’on la tance & qu’on lui pardonne ; la mémoire de l’autre ne doit exciter que le mépris : ſi vous voulez en être convaincue, liſez cette épître… Le ſtyle en eſt peu flatteur, il vous déplaira ; mais il faut bien vous ouvrir les yeux ſur la maniere dont on reconnoiſſoit vos bontés, & ce que la malignité pourroit ſe permettre, ſi vous perſiſtiez à tenir votre fille éloignée de vous.

Ma mere rougit, s’arrêta dès les premieres phraſes… Quel eſt donc l’auteur de cette impertinente lettre ? demanda-t-elle. C’eſt Madame d’Archenes, répondit le Marquis. Murville, aveuglé par l’amour, ne s’appercevoit pas qu’elle le conduiſoit à ſa perte, en le rendant l’inſtrument de ſa vengeance & de ſa méchanceté… Alors il expoſa ſa jalouſie, ſes noirceurs, ce que j’en avois ſouffert, la fauſſe inculpation de ſon fils dans l’hiſtoire du bal, le deſſein formé contre ſa vie, qu’il vérifia par la lettre que ma mere refuſa de lire, mais qu’il l’obligea d’écouter.