Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/117

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Illustre Raynal, si dans le courant d’une vie agitée par les préjugés et les grands que tu as démasqués, tu fus toujours constant et inébranlable dans ton zèle pour l’humanité souffrante et opprimée, daigne aujourd’hui, au milieu des applaudissements d’un peuple immense qui, appelé par toi à la liberté, t’en fait le premier hommage, daigne sourire aux efforts d’un zélé disciple dont tu voulus quelquefois encourager les essais. La question dont je vais m’occuper est digne de ton burin ; mais sans ambitionner d’en posséder la trempe, je me suis dit avec courage : Moi aussi je suis peintre.

Il est indispensable d’abord de fixer nos idées sur le bonheur.

L’homme est né pour être heureux. La nature, mère éclairée, l’a doué de tous les organes nécessaires au but de sa création. Le bonheur n’est donc que la jouissance de la vie la plus conforme à son organisation. Hommes de tous les climats, de toutes les religions, y en aurait-il d’entre vous à qui le préjugé de leurs dogmes empêcherait de sentir l’évidence de ce principe ? Eh bien ! qu’ils mettent la main droite sur leur cœur, la gauche sur leurs yeux, qu’ils rentrent en eux-mêmes, qu’ils soient de bonne foi… et qu’ils disent si comme moi ils ne le pensent pas.

Vivre donc d’une manière conforme à notre organisation, ou point de bonheur.