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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/125

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vraiment : vis maître de toi. Sans force, mon fils, il n’est ni vertu ni bonheur.

Voilà les deux bouts de la chaîne sociale connus. Oui, messieurs, qu’au premier soit l’homme riche, j’y consens ; mais qu’au dernier ne soit pas le misérable ; que ce soit, ou le petit propriétaire, ou le petit marchand, ou l’habile artisan, qui puisse, avec un travail modéré, nourrir, habiller, loger sa famille.

Vous recommanderez donc au législateur de ne pas consacrer la loi civile où peu pourraient tout posséder ; il faut qu’il résolve son problème politique de manière que le moindre ait quelque chose. Il n’établit pas pour cela l’égalité, car les deux extrêmes sont si éloignés, la latitude est si forte que l’inégalité peut subsister dans l’intervalle… Dans la hutte comme dans le palais, couvert de peau comme de broderies de Lyon, à la table frugale de Cincinnatus comme à celle de Vitellius, l’homme peut être heureux ; mais encore, cette hutte, ces peaux, cette table frugale, encore faut-il qu’il les ait. Comment le législateur peut-il y influer ? Comment doit-il résoudre son problème politique, pour que le moindre ait quelque chose ? Les difficultés sont grandes, et je ne sache personne qui s’en soit mieux tiré que M. Paoli.

M. Paoli dont la sollicitude pour l’humanité et ses compatriotes fait le caractère distinctif, qui fit un moment renaître au milieu de la Méditerranée les