Aller au contenu

Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/190

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

préparent des triomphes, ils sont de courte durée. »

Tels étaient les discours qu’ils se tenaient ; Fieschi était dans la fleur de l’âge, grand, beau ; la sérénité, la douceur étaient peintes dans sa physionomie, et l’onction de son discours achevait de lui captiver tous les cœurs. Il fit une douce impression sur celui de Rinuccio, qui se reprochait de s’être laissé vaincre en générosité et d’avoir pu calomnier un vieil ami… Celui-ci attendit le moment avec impatience, il courut dans le camp de Fieschi ; il y était attendu, les ordres étaient donnés pour le recevoir… et pour l’arrêter. Conduit dans une obscure prison, de là dans le château d’Évisa, il passa quelques semaines et après que son premier mouvement dut être calmé, Fieschi se présenta à lui. « Il ne tient qu’à vous, lui dit-il, d’améliorer le sort de votre patrie et de votre famille ; vous et votre fils vous vivrez dans les honneurs ; vous goûterez les charmes de la paix et les avantages que doit vous procurer votre immense fortune. L’Offizio prendra pour base de son gouvernement le pacte del Lago Benedetto ; devenez son appui, livrez-lui vos châteaux et faites abandonner par vos partisans l’armée de Giovan Paolo. »

Rinuccio étouffait d’indignation, sa voix était éteinte ; il ne répondit que par un regard terrible et un morne silence… Fieschi ne se découragea pas, il lui tint toute espèce de discours ; il finit par s’atten-