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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/200

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LETTRE TROISIÈME


Monsieur,

Les Génois, maîtres de la Corse, se comportèrent avec modération, ils prirent les conventions del Lago Benedetto pour bases de leur gouvernement. Le peuple conserva une portion de l’autorité législative : une commission de douze personnes, présidée par le gouverneur, eut le pouvoir exécutif ; des magistrats élus par la nation et ressortissant au syndicat eurent la justice distributive. À leur grand étonnement les Corses se trouvèrent tranquilles, gouvernés par leurs lois ; ils crurent qu’ils devaient désormais oublier l’indépendance et vivre sous une forme de gouvernement propre à rendre à la patrie toute la splendeur dont elle était susceptible. Les Génois trouvaient dans la Corse de quoi accroître leur commerce ; ils y trouvaient des matelots et des soldats intrépides pour augmenter leur force… Mais il était à craindre que situés si avantageusement, ces insulaires ne fissent un commerce nuisible à celui de la métropole ; il était à craindre qu’avec l’accroissement de forces que donne un bon gouvernement, ils ne devinssent