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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/210

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les vœux. La prospérité de la patrie naissante sembla être le mobile des actions de chacun ; le feu du patriotisme agrandit subitement des âmes qu’avaient pendant tant d’années, rétrécies l’égoïsme et la tyrannie… Amis, nous sommes hommes ! était le cri de ralliement. Fiers tyrans de la terre, prenez-y bien garde ! Que ce sentiment ne pénètre jamais dans le cœur de vos sujets ; préjugé, habitude, religion, faibles barrières ! Le prestige est détruit, votre trône s’écroule si vos peuples se disent jamais : « Et nous aussi, nous sommes des hommes ! »

Les premières années de la guerre, les Corses n’eurent aucune forme de gouvernement : la haine des tyrans guidait tout le monde. Ce ne fut qu’à la réunion de Saint-Pancrazio que l’on nomma Giaffori commandant des armées.

À l’Assemblée de Corte, on déclara les Génois déchus de leur souveraineté, l’on déclara la nation libre et indépendante. Pour rendre cette déclaration plus imposante, pour achever de détruire les préjugés que la multitude pouvait conserver, on assembla à Orezza un Congrès des théologiens les plus célèbres des différents ordres. On leur proposa trois questions : Si la guerre actuelle était juste, si les Génois étaient des tyrans, si l’on était délié du serment de fidélité. Ce Congrès, que présida le célèbre Orticoni, répondit à tout d’une manière satisfaisante. La guerre, dit-il, est non seulement juste, mais