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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/215

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La Corse est censée avoir fait partie de la donation de Constantin et de celle de Charlemagne ; mais ce qui est plus certain, c’est qu’elle faisait partie de l’héritage de la comtesse Mathilde. Les Colones de Rome prétendent qu’au neuvième siècle un de leurs ancêtres a conquis la Corse sur les Sarrasins et en a été roi. Les Colones d’Itria et de Cinerca ont été reconnus par les Colones de Rome et les généalogistes de Versailles ; mais le fait historique de la souveraineté d’une branche de la famille Colonna en Corse n’en est pas moins un problème. Ce qui est constant toutefois, c’est que la Corse formait le douzième royaume reconnu en Europe, titre dont ces insulaires étaient glorieux et auquel ils ne voulurent jamais renoncer. C’est à ce titre que le doge de Gênes portait la couronne royale. Dans les moments où ils étaient le plus exaltés pour la liberté, ils conciliaient ces idées opposées en déclarant la sainte Vierge leur reine. On en trouve des traces dans les délibérations de plusieurs consultes ; entre autres, de celle tenue au couvent de Vinsolasca.

Comme toute l’Italie, la Corse fut soumise au régime féodal : chaque village eut un seigneur ; mais l’affranchissement des communes y précéda de cinquante ans le mouvement général qui eut lieu en Italie dans le onzième siècle. On aperçoit encore, sur des rochers escarpés, des ruines de châteaux, que la tradition désigne comme le refuge des sei-