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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/223

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indignés de ce que la France, qui avait été souvent médiatrice dans leurs querelles avec Gênes et avait toujours protesté de son désintéressement, se présentait aujourd’hui comme partie et feignait de croire que le gouvernement de Gênes pouvait vendre les Corses comme un troupeau de bœufs, et contre la teneur des pacta conventa.

Maillebois, en 1738, avait levé le régiment Royal-Corse de deux bataillons, composé entièrement de nationaux. On pratiqua, par le moyen des officiers, des intelligences avec les principaux chefs. Beaucoup se montrèrent au-dessus de la corruption ; mais quelques-uns cédèrent et se firent un mérite de courir au-devant d’une domination qui désormais était inévitable.

La masse de la population et surtout les montagnards n’avaient aucune idée de la puissance de la France. Accoutumés à se battre et à repousser souvent les faibles corps du comte de Boissieux et de Maillebois, rien de ce qu’ils avaient vu ne les effrayait. Ils croyaient que ces faibles détachements étaient les armées françaises. La consulte fut presque unanime pour la guerre ; la population partagea les mêmes sentiments.

Le traité par lequel Gênes cédait la Corse au roi excita en France un sentiment de réprobation générale. Lorsque l’on connut par les résolutions de la consulte qu’il faudrait faire la guerre et mettre en