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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/238

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vouent, et le sage lui-même, qui ne se laisse jamais maîtriser par l’opinion populaire, est entraîné cette fois par l’effervescence générale.

Qu’avez-vous donc fait ? Quels sont donc les dé-

    sionné qu’on ait écrit contre Napoléon, et qui est dû à la plume de M. le général Iung.

    Stendhal raconte dans sa remarquable Vie de Napoléon que, au moment de l’impression de sa Lettre, Bonaparte, alors simple lieutenant en garnison à Auxonne, revoyait lui-même les dernières épreuves : « Il partait d’Auxonne à quatre heures du matin, arrivait à pied à Dôle ; après avoir vu les épreuves, il prenait chez M. Jolyun un déjeuner extrêmement frugal, et rentrait avant midi à son régiment, après avoir fait huit lieues. » L’ouvrage, tiré à 100 exemplaires qu’on fit passer en Corse, porta un coup terrible à la popularité de l’ancien agent du duc de Choiseul, de l’instigateur du fameux traité de Versailles, 15 mai 1768, qui cédait la Corse à la France.
    En novembre 1790, le club patriotique d’Ajaccio décida que Buttafuoco serait appelé l’Infâme ; et le président du club, M. Masséria, ami du général Paoli, envoya au jeune Bonaparte la lettre suivante :
    « Monsieur, le club patriotique ayant pris connaissance de l’écrit où vous dévoilez avec autant de finesse que de force et de vérité, les menées obscures de l’infâme Buttafuoco, en a voté l’impression. Il m’a chargé, par une déclaration dont je vous envoie copie, de vous prier d’y donner votre assentiment : il juge l’impression de cet écrit utile au bien public. C’est une raison qui ne vous permet point d’excuse.»
    Le procès-verbal de la délibération était rédigé comme suit :
    « Le club patriotique, profondément indigné de la conduite criminelle et scandaleuse, de l’impudence sans exemple, de la calomnie la plus atroce, que ce député de la défunte noblesse a osé afficher, même dans la tribune de l’Assemblée nationale ; considérant que journellement dans les brochures, il ne cesse de déchirer son pays et tout ce qu’il y a de plus précieux, a arrêté que désormais il ne serait plus appelé que l’infâme Buttafuoco. »